Le projecteur Paillard - Bolex M8

Tout le monde connaît le Super 8 imposé par Kodak en 1965, mais mon garagiste ne sait pas qu'il a remplacé le 8 mm standard.

Ce format sorti en 1932 pour des raisons économiques, utilisait de la pellicule 16 mm coupée en deux dans le sens de la longueur au moment du traitement.

Beaucoup de films ont été tournés en 8 mm, dans les années 50. Ces films sont devenus avec le temps, des documents extraordinaires, malheureusement la plupart dorment dans des greniers ou des caves.

J'ai eu l'occasion de visionner quelques bobines de films 8 mm trouvées dans une vieille lessiveuse. Je ne sais pas si la lessiveuse les a protégé, mais je peux vous assurer que les couleurs ne sont pas lessivées, elles ont gardé leurs magnifiques couleurs Kodacolor et Kodachrome.

Si la prise de vues aujourd'hui ne se fait pratiquement plus en 8 mm standard, il reste tout de même encore la possibilité de se procurer de la pellicule double 8, ou simple 8 chez Wittner en Allemagne. Ils assurent également le développement.

 

Pour visionner les films tournés en 8 mm par grand-papa, il nous faut un projecteur. Malheureusement le parc des projecteurs 8 mm est très vieux, les exemplaires sont usés et fatigues, ils ont beaucoup souffert de leur stockage dans des endroits indignes.

La solution est peut être l'achat d'un projecteur bi-format 8 mm/Super 8, plus moderne qu'un modèle exclusivement 8 mm. Bien que je ne sois pas très favorable au multi-format.

Rien de tel qu'un projecteur de format unique, de bonne réputation.

Un projecteur bien construit qui donne satisfaction, le projecteur Bolex - Paillard M8R. Cette firme Suisse de réputation mondiale a débuté en 1814 dans un petit atelier au rez-de-chaussée d'une maison, par la fabrication de boîtes à musique.

Plus tard l'entreprise s'est installée dans une usine moderne. La construction de chaînes de fabrication a permis de produire à grande échelle des matériels cinéma.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Aperçu de la chaîne de mise en peinture des châssis du projecteur M8. (photo internet).

 

La production des projecteurs M8 a débuté en 1949. Les premiers modèles étaient d'aspect vert olive. Il paraît que la peinture provenait d'un stock militaire ? Lorsque ce stock a été épuisé, il est devenu gris clair, et enfin bicolore, gris clair et gris foncé d'aspect brillant.

Il est possible de déterminer la date de production d'un projecteur M8. Sur le dessous se trouve son numéro de série

 

Ce tableau permet de connaître l'année de sa fabrication

Numéros de série

Année

310001 - 315000

1949 / 1950

315000 - 325000

1951

325000 - 330000

1952

330000 - 350000

1953

350000 - 360000

1954

360000 - 380000

1955

380000 - 400000

1956

400000 - 430000

1957

430000 - 455000

1958

455000 - 468000

1959 / 1960

 

La qualité de la fabrication est exemplaire, chaque élément est minutieusement contrôlé avant son départ pour les chaînes de fabrication.

 

Caractéristiques du Bolex M8R

 

 

Autres caractéristiques

 

 

Les différentes versions

 

La première version est sortie vers 1949, c'était le Bolex M8, dans une couleur "vert olive". Les boutons de commandes étaient noirs. Ce n'est qu'à partir de 1956 que le M8 a vu ses couleurs passer à l'émail gris clair et gris foncé, avec de jolis boutons rouges. Ce modèle était alimenté en 110 volts 50 ou 60 périodes. Pour l'utiliser aujourd'hui il est nécessaire d'employer un transfo 220v/110v.

Plus tard est sorti le M8R, proposant une alimentation de 110 à 250 volts, sélectionnable par un curseur à vis.

 

 

A partir de 1959, le M8 et le MR8, se voient installer un stroboscope lumineux à la base du projecteur. Il permet de caler précisément le défilement du film à 18 images/seconde.

Avant cette modification, certains modèles sont équipés d'un stroboscope monté en tête de chargement.

 

 

Entretien :

 

Pour les éléments optiques, utilisez un pinceau à poils doux. La poussière sur le miroir ou sur la lampe réduit la puissance lumineuse. Sur l'objectif, l'image perd de sa netteté et du contraste.

Le presseur de couloir doit être d'une propreté irréprochable, le moindre dépôt peut rayer le film.

Pour les débiteurs et galets, veillez à ce qu'aucun dépôt d'émulsion ne se trouve sur le trajet du film. En ce qui concerne les dents des débiteurs, une petite brosse à dents fera l'affaire. (après chaque repas).

 

Graissage :

Environ toutes les 25 heures de projection, quelques gouttes d'huile de machine à coudre dans les orifices indiqués par de la peinture rouge.

Tout en versant les quelques gouttes aux endroits indiqués par une flèche, tournez doucement à la main, le bouton d'avance image par

 

 

On peut voir sur cette image le circuit de mèches qui alimente les parties à lubrifier.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le rembobinage:

 

Il peut se faire de deux façons, soit à l'aide de la manivelle comme pour monter les blancs en neige, soit par le moteur. Dans ce dernier cas, placez la courroie en "8" sur le bouton d'avance image par image, puis sur la poulie du bras supérieur. Le film se rembobine à une vitesse vertigineuse.

 

 

 

Et le son ?

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce n'est pas une raison parce que le projecteur

Bolex-Paillard M8R est muet, pour ne pas lui donner la parole.

 

 

 

C'est en 1957 que Bolex a eu l'idée d'ajouter le son au projecteur M8R. Pour assurer la synchronisation de l'image et du son, un câble flexible reliait le projecteur à un synchroniseur, le "Synchronizer". Il s'agissait de retirer le bouton d'avance image par image, pour le remplacer par un adaptateur compatible avec le flexible.

 

 

L'autre extrémité du câble étant reliée au synchroniseur. Un magnétophone 6,35 constituait la partie sonore du système.

 

 

 

 

 

 

 

 Photos internet

 

 

Plus tard Bolex a préféré modifier l'emplacement du branchement du flexible, c'est vrai que ce câble monopolisait le bouton d'avance image par image. Il a donc été décidé de faire une sortie mécanique au dos du projecteur.

 

 

 

 

 

Celui-ci a un pas de vis interne de 4 mm, le nombre de tour pour 16 images par seconde, est de 1,33 tour par seconde.

 

 

 

En 1960 changement de cap, Bolex propose la piste magnétique couchée sur le bord du film. Pour enregistrer et lire la piste, le dispositif sonore devient solidaire du film.

 

 Photo internet

 

 

Démontage du projecteur :

 

S'abstenir si maladroit, impatient et brutal.

Comme dans tous les projecteurs il y a des choses à ne pas faire.

Par exemple, dévisser cette vis :

 

Sinon elle libère un ressort qui tombe dans le fond du projecteur et rend inutilisable le rattrapeur de boucle inférieure. Pour le récupérer il faut sortir le châssis.

 

Pour accéder à l'intérieur du châssis, retirer seulement ces quatre vis

Puis tirer vers soi la coque du projecteur.

On découvre alors la solidité légendaire Suisse des années 50. Tout est robuste et donne un sentiment de confiance. Dans cinquante ans je suis persuadé que ce projecteur tournera aussi bien qu'au premier jour.

 

Le capot retiré, on distingue le répartiteur de tensions. Il n'y a aucun transformateur dans ce projecteur, l'adaptation des tensions se faisant par résistances chutrices.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce projecteur est fait pour le voyage, la preuve, le bras supérieur se replie pour former une poignée, ce qui permet de le porter comme une valise

 

 

 

 

 

Son alimentation va de 110 volts jusqu'à 250 volts, en 50 ou 60 hertz. C'est dire qu'il accepte toutes sortes de courants. La lampe de projection est exclusivement alimentée en 130 volts, même lorsque le répartiteur de tensions se trouve sur 250 volts. Une résistance chutrice sera mise automatiquement en série avec le filament de la lampe, pour que le circuit d'alimentation de la lampe fasse 250 volts.

 

 

 

La turbine qui se trouve au-dessous du répartiteur de tensions, est terriblement efficace. Elle a pour rôle de refroidir la lampe de projection et les résistances du répartiteur de tensions. Cette turbine brasse autant d'air qu'un fonctionnaire de ministère. C'est dire son efficacité.

Dans la partie droite du boîtier, on aperçoit des petites tubulures métalliques. Ces tubes contiennent une mèche chargée d'amener l'huile versée par les orifices repérés en rouge. De cette façon les paliers sont correctement lubrifiés.

Dans le bas, une petite ampoule néon permet le fonctionnement du stroboscope. Un disque perforé de petits trous, indique le calage précis de la vitesse du projecteur à 18 images/seconde. Il y a deux lectures possibles, l'une à 50 Hz, l'autre à 60 Hz.

 

Les pannes du Paillard-Bolex M8R

Ce projecteur ne tombe pratiquement jamais en panne.

La lampe de projection a une durée de vie d'environ 25 heures (si elle a été importée de Chine, pas plus de 10 minutes, je viens d'en faire les frais !!!).

La douille de la lampe ainsi que son culot en cuivre risque avec le temps, de s'oxyder. Cette oxydation peut provoquer un mauvais contact et abréger la durée de vie de la lampe.

 

 

 

 

 

 

 

 

La mécanique du projecteur est très robuste. Il arrive parfois que le bras supérieur devienne instable. A force de manipuler le bras, la petite vis de son axe se dessert légèrement et provoque un jeu.

 

 

Le rhéostat destiné à la variation de la vitesse du moteur universel, peut parfois si la manette a été copieusement utilisée, présenter une usure des fils résistants de la bobine. Cette usure peut aller jusqu'à la rupture de quelques spires, ou bien le curseur usé, accroche et détériore le rhéostat.

Si le moteur a des à-coups ou qu'il amorce, ou encore fait du bruit, il se peut que les charbons doivent être remplacés ?

Il suffit de dévisser les petits cabochons noirs en plastique, pour les extraire.

 

 

La lampe de projection.

ATTENTION : Une erreur très fréquente consiste à remplacer la lampe d'origine 130 volts 500 watts, par une lampe 220 volts. C'est une erreur car ce projecteur est prévu dans tous les cas, pour une lampe 130 volts. Le remplacement de la lampe par un modèle 220 volts ne serait pas grave, mais n'éclairerait pas plus qu'une bougie.

Références de la lampe :

130 volts, 500 watts, culot P28s.

 

Ce qui est appréciable :

 

 

Ce qui est regrettable :

 

 

Pour conclure :

Le Paillard-Bolex M8R est un excellent petit projecteur, bien construit, solide et agréable d'utilisation. Et en plus, Il est beau comme un dieu !

 

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